Rassemblement jeudi 13 février à Saint-Genis-Pouilly
En ce début d’année 2025, les remontées que nous avons des établissements scolaires publics du secondaire dans le Pays de Gex nous interpellent particulièrement, quatre mois après le début de l’année scolaire. À la reprise des vacances de décembre, près d’une dizaine de postes n’étaient pas pourvus. Si la situation a évolué depuis, des collégiens n’ont toujours pas de prof de français à Ferney-Voltaire et à Saint-Genis-Pouilly. Depuis septembre, ce sont ainsi des dizaines d’heures de cours que ces élèves ont perdues.
La crise est incontestablement plus profonde : partout, dans le Pays de Gex, pour faire face au coût de la vie mais aussi pour pallier les dysfonctionnements de leur institution, des professeur·es acceptent de prendre des heures supplémentaires. Cette situation n’est pas satisfaisante :
- cette surcharge de travail fait courir des risques psychosociaux aux personnels, en plus d’accroître la perte de sens dans l’accomplissement des missions avec le sentiment d’un travail mal fait ;
- dans la mesure où les professeur·es prennent ces classes au-delà de leur temps réglementaire de service sur les plages horaires restantes, les élèves n’ont pas toujours le même nombre d’heures que leurs camarades et n’ont donc pas accès aux mêmes cours, inscrits dans une progression cohérente et réfléchie, à même de leur apporter des enseignements de qualité.
La solution proposée par notre administration à travers le dispositif ERED (remplacements à distance) dans deux collèges du Pays de Gex est pour nous inacceptable. Déjà appliqué l’an dernier dans le cadre de la préparation aux épreuves anticipées de français, ce dispositif gadget, alors que l’enseignement à distance a déjà prouvé toutes ses limites pendant la crise de la covid-19, n’est évidemment pas adapté à un public collégien. Placer des élèves devant un enseignement interactif permet sans doute au rectorat de Lyon de se targuer d’être pionnier dans la fabrique de dispositifs « innovants » mais certainement pas d’accompagner correctement les élèves qui ont droit, comme tous·tes les enfants de la République, à un·e professeur·e à leur côté, qui les connaît et peut leur proposer un enseignement adapté à leurs besoins.
La continuité du service public et l’égalité d’accès à ce dernier sont des principes fondamentaux de la République, qui ne s’appliquent pas dans notre territoire, compte tenu du manque de professeur·es chronique dans le Pays de Gex. Ce sont bien nos élèves qui sont les premières victimes de cette crise du recrutement : en l’absence de professeur·es, ils et elles ne peuvent acquérir convenablement les compétences indispensables à leur formation, en tant que personne et citoyen·ne.
Ces scolarités hachées pénalisent les élèves les plus fragiles, qui ont le plus besoin de l’école pour échapper aux déterminismes sociaux : alors que le devoir de l’école publique est de tenter de réduire les inégalités, l’absence de professeur·es oblige les usager·es à se tourner vers des cours particuliers privés qui ne sont accessibles qu’aux familles qui auront la possibilité de les payer. Nous dénonçons le fait que l’État s’accommode de ces alternatives qui consistent à abandonner au privé les solutions des carences qu’il a organisées par les choix idéologiques et budgétaires qui sont les siens depuis des décennies.
Les organisations syndicales CGT-EDUC’ACTION, FNEC-FP-FO, FSU et SE-UNSA appellent à un rassemblement le jeudi 13 février devant le local de la députée Olga Givernet à Saint-Genis-Pouilly. Une audience lui a été demandée pour lui faire part de cette situation critique de l’école publique dans notre territoire. Nous espérons que la députée de l’Ain sera capable d’entendre nos revendications pour l’école, comme elle s’était engagée à le faire lors des législatives de juillet 2024, durant lesquelles elle a été élue pour faire barrage au projet mortifère de l’extrême droite. Renouer avec une école publique qui puisse accomplir correctement ses missions d’émancipation au service des usager·es, c’est d’abord et avant tout rouvrir le dossier de la revalorisation des enseignant·es, mis au placard par la valse des ministres de l’Éducation depuis une année.
Bourg-en-Bresse, le 3 février 2025.
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