Communiqués 1er degré

 Niveau de lecture des élèves : de PIRLS et pire

 

Les résultats de l’enquête PIRLs 2021 (Progress in International Reading Literacy) viennent d’être publiés. Cette étude comparative internationale vise à mesurer le niveau de connaissance des élèves de CM1 en compréhension de l’écrit.

Si le ministère se félicite d’un « léger » progrès qui conforterait ainsi sa politique en matière de savoirs fondamentaux (par la promotion entre autres des « méthodes les plus efficaces » pour l’apprentissage de la lecture en CP et en CE1 ou le développement des heures de soutien à l’école primaire ou en 6ème dans le cadre du pacte enseignant), les résultats français restent assez faibles.

Surtout, la CGT Éduc’action note l’échec de la politique ministérielle visant à réduire les fractures sociales et les écarts de résultats entre élèves issu∙es de classes populaires et ceux∙celles des classes favorisées. Si on observe finement la part d’élèves « faibles et très faibles » (28%), on constate que ce pourcentage en France reste nettement supérieur à celui des autres pays européens (22% en moyenne). En ce qui concerne les résultats suivant le milieu social d’origine, les écarts se détériorent à nouveau : 11% en 2021 pour 7% en 2016. Cela interroge notamment la question du lexique et de sa richesse qui jouent un rôle important dans l’apprentissage de la lecture, mais aussi celle de sa pratique qui enrichira ce même vocabulaire. Cette dimension implique des conditions d’enseignement (rythmes, volume horaire, effectifs…) adaptées pour répondre à cet enjeu de taille.

Plus généralement, ces résultats posent la question de la compréhension qui reste dramatiquement faible en France et révèlent que la priorité, avant le CM1, n’est pas portée par le ministère sur les questions de compréhension. Les compétences relatives au prélèvement d’informations continuent de baisser (soit presque de 10 points en 10 ans) et concernant l’interprétation, les élèves retrouvent le niveau de 2011.

Pour la CGT Éduc’action, ces piètres résultats sont clairement le résultat de l’échec de la politique ministérielle en matière de lecture. C’est l’échec de l’application de l’idéologie et des injonctions BLANQUER (soutenue par le Conseil scientifique) qui s’attachent en priorité au décodage plutôt qu’à la compréhension, supposant qu’il y a des étapes distinctes dans l’apprentissage de la « lecture ».

Plus que jamais, il serait bon de réfléchir à nouveau à la question de la lecture, à partir des recherches scientifiques et pédagogiques à ce sujet et ne pas se contenter des seules certitudes ministérielles et scientistes.

De quoi parle-t-on quand on définit la performance en lecture ? Décoder ? Comprendre ? Les deux ne peuvent être dissociés. Une fluence bien maitrisée ne peut en aucun cas constituer une fin en soi. La compréhension (inférences, implicite, vocabulaire, pronominalisation…) est bien le cœur de ce qui définit la lecture. Seymour a comparé les systèmes orthographiques en Europe et a démontré que les différents niveaux de complexité des langues influent sur le temps nécessaire à son apprentissage. Ainsi le niveau des élèves de CM1 français ne peut être identique à celui des finlandais ou italiens. Pour autant, cela ne doit pas servir d’alibi pour organiser des priorités au décodage, la dimension de la compréhension dès le contact avec l’écrit est fondamentale.

Quand on lit un mot, on le décode, mais en même temps on doit comprendre ce qui est lu.

La CGT Éduc’action continue de dénoncer l’omnipotence d’un courant idéologique porté par une partie des neuroscientifiques qui portent l’idée que le décodage et la fluence sont les seuls moyens de faire progresser les élèves. Non seulement tout cela est discutable, mais surtout cela nuit au sens du métier ainsi qu’aux apprentissages des élèves, comme l’enquête le démontre.

Pour la CGT Éduc’action, il est temps d’arrêter les frais et de stopper cette machine à broyer. Le ministère doit revenir en arrière et renoncer à la généralisation de ces pratiques. C’est d’autant plus urgent qu’il semble vouloir foncer dans le mur en instaurant des missions supplémentaires de fluence dans le Pacte qu’il vend actuellement aux collègues.